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Compléments au Dictionnaire Copte de Crum

R. Kasser

Avant-Propos

Le présent ouvrage, destiné primitivement à paraître comme article dans le BSAC ou le BIFAO, a pris finalement, pour des raisons dont nous parlerons plus loin, la forme d'un volume séparé. Cependant, il n'a pas d'autre prétention que d'être l'une des listes d'additions et de corrections dont J. Drescher souhaitait la publication rapide; ce coptisant de valeur donna lui-même l'exemple de ce qu'il désirait voir réalisé, en faisant paraître un premier article, intitulé «The Coptic dictionary: additions and corrections», dans le BSAC, vol. XVI, p. 285–288; on y lit, à la page 285: «… the day will come when a revised edition of the Dictionary, or a Supplement to it, will be wanted. … The problem may be to collate all the new material available. Probably, most Coptic students have their own notes of additions and corrections to the Dictionary. These may not readily lend themselves to the form of an article, but it would be a pity if however slight, they never became useful to others». Nous avions réuni depuis plusieurs années les matériaux que nous présentons ici. L'appel lancé par J. Drescher nous a incité à les publier sans tarder davantage.

En rédigeant notre travail, nous pensions l'offrir en contribution au volume que le BSAC fera paraître en l'honneur du Professeur W. Till. Mais le manuscrit préparé par nous fut présenté trop tard aux éditeurs de ce périodique: ils se déclarèrent obligés de renvoyer notre article au volume de l'année suivante… Ce contretemps nous obligea à modifier notre projet, et, finalement, l'article ayant atteint des dimensions imprévues, nous avons préféré adopter la solution actuelle. Toutefois, resté fidèle à notre intention première, nous présentons notre ouvrage comme un hommage, hélas posthume, à celui auquel les études coptes modernes doivent d'avoir fait des progrès nombreux et substantiels. Que le lecteur veuille bien jeter un coup d'œil à la fin de ce livre (p. 135): il verra, parmi les publications dont nous nous sommes servi pour rédiger le présent travail, quelle importance prééminente ont celles que nous devons au Professeur Till … sans parler de toutes celles auxquelles il a collaboré de façon anonyme, en dirigeant et conseillant de jeunes coptisants. Il n'est pas nécessaire d'insister davantage: les mérites de celui auquel nous exprimons aujourd'hui notre reconnaissance sont loin d'être ignorés de tous ceux qui, de près ou de loin, s'intéressent au domaine des études coptes, et, dans notre ouvrage, où il sera beaucoup question du célèbre Crum, il est juste que le nom de Till soit mentionné, lui aussi, avec honneur.

Introduction

Beaucoup d'eau s'écoulera sans doute encore sous les ponts de l'Isis et du Lez, avant qu'un coptisant ne trouve le temps et le courage de refaire l'œuvre gigantesque achevée en 1939 par W. E. Crum dans son «Coptic Dictionary» (Oxford, Clarendon Press). L'éminent savant anglais y avait pratiquement, consacré toute sa vie, et il avait eu accès à un si grand nombre de textes inédits, qu'on rencontre, aujourd'hui encore, des citations de textes bibliques, signalées dans son ouvrage par la simple référence scripturaire, et dont il nous est impossible de savoir de quel manuscrit elles ont été tirées, la leçon mentionnée ne figurant ni dans les témoins catalogués par Vaschalde, ni dans ceux de la liste de Till, ni dans les manuscrits Pierpont Morgan, ni dans aucune des publications que nous ayons eucs sous les yeux. Et, de par la richesse de son information, aussi bien que par le soin avec lequel elle a été classée, l'œuvre de Crum restera, longtemps encore, «le» dictionnaire copte par excellence, l'instrument de travail indispensable aux coptisants et aux égyptologues.

Toutefois, nous ne pensons pas manquer de respect à Crum en publiant ici quelques additions et corrections à son dictionnaire. Stimulé par l'excellente initiative de Drescher, nous nous sommes décidé à rassembler et à classer tout ce qui, dans nos fiches, pouvait donner matière à une publication semblable à la sienne. En effet, près d'un quart de siècle s'est écoulé depuis la clôture du Dictionary; pendant ce temps, de nombreux textes ont été édités pour la première fois; certains d'entre eux avaient déjà été partiellement connus par Crum; d'autres proviennent de découvertes absolument neuves. Ces écrits nous présentent ça et là des mots nouveaux, des orthographes nouvelles, parfois même, ils précisent on modifient le sens attribué à un mot encore mal connu. Mais ces indications, infiniment précieuses pour les études coptes, sont dispersées dans un si grand nombre de publications grandes ou petites, qu'elles échappent souvent aux chercheurs, et l'on voit, hélas, qu'ils n'en tiennent pas toujours compte; il ne sera donc pas inutile de réunir toutes ces informations. Certes, malgré son ampleur, la liste que nous avons pu dresser est loin d'être complète, car nous n'oserions prétendre avoir tout lu, ni tout remarqué. Après le courageux exemple donné par Drescher, d'autres coptisants se décideront sans doute à communiquer au monde savant leurs additions, leurs corrections, et leurs suggestions; les indications données par les uns et par les autres seront parfois contradictoires, elles se complèteront ou se corrigeront mutuellement. Ces listes seront, cependant, de précieux compléments au dictionnaire copte, qu'elles contribueront par là-méme à mettre en valeur.

Nous avons préparé nous-même, et nous ferons paraître incessamment un «complément» d'un autre genre: il s'agit d'un «index alphabétique inversé des mots coptes contenus dans le Coptic Dictionary», comprenant également les formes nouvelles relevées dans la présente liste. Les formes y sont classées dans un ordre strictement alphabétique, mais en commençant par lа dernière lettre; cet index devra aider à identifier, dans des manuscrits fragmentaires, les mots incomplets dont il ne nous est conservé que la fin, et qu'on ne sait où chercher, parce que le début manque. Ainsi, dans cet index inversé, les mots terminés par -ⲟⲩⲣ, раr exemple, se succèdent dans l'ordre suivant: ⲟⲩⲣ- 488 b, ϩⲃⲟⲩⲣ 656 b, ϭⲃⲟⲩⲣ A2 656 b, ⲥⲓⲟⲩⲣ 371 a, ⲕⲟⲩⲣ A2B 114 b, 115 a, ⲥⲕⲟⲩⲣⲕⲟⲩⲣ 330 a, ⲥⲕⲟⲩⲣ 619 b, ⲧⲕⲟⲩⲣ F 406 b, ⲙⲟⲩⲣ 180 a, ⲥⲙⲟⲩⲣ B 339 b, ⲝⲟⲩⲣ 121 b, ⲁϭⲟⲟⲩⲣ 27 b, ⲕⲣⲟⲩⲣ 117 a, ⲭⲣⲟⲩⲣ B 117 a, ϩⲣⲟⲩⲣ B 705 b, ⲥⲟⲩⲣ- 354 a, ⲃⲁⲥⲟⲩⲣ B 44 b, ⲕⲥⲟⲩⲣ 121 b, ϭⲥⲟⲩⲣ 121 b, ⲃⲁϣⲟⲩⲣ 47 b, ϣⲁϥⲟⲩⲣ 611 a, ϩϥⲟⲩⲣ B 741 a, ⲛϩⲟⲩⲣ B 245 a, ϭⲟⲩⲣ B 827 b, ϣϭⲟⲩⲣ B 121 b. Nous pensons qu'un tel index rendra service à tous ceux qui déchiffrent les textes coptes.

Mais, peut-être, le Coptic Dictionary n'a-t-il pas besoin seulement d'additions et de corrections ?… En fait, quelques réformes de structure nous paraissent également souhaitables(1). Certes, il ne saurait être question de les appliquer déjà toutes ici, car nous créerions une confusion regrettable en introduisant dans ce «complément» des principes différents de ceux de l'ouvrage principal lui-même. Nous nous bornerons donc à énumérer les réformes désirées, en souhaitant que l'auteur lointain du futur dictionnaire copte révisé en fasse son profit.

On a reproché à Crum de n'avoir pas classé les mots coptes suivant un ordre alphabétique strict. En fait, celui qui, dans un lexique copte, voudra s'en tenir à l'ordre alphabétique en usage dans les dictionnaires d'autre langue, sera obligé d'introduire une telle masse de renvois, que son ouvrage en sera considérablement alourdi(2). Il nous paraît souhaitable, toutefois, que toutes les voyelles (même les ⲉⲓ et ⲟⲩ à valeur consonantique) soient classées comme voyelles, et que, par exemple, ϩⲟⲟⲩ se trouve avant ϩⲱⲃ, et non après ϩⲟⲧⲉ. On pourrait, de même, réunir tous les mots commençant par une voyelle (ou un groupe de voyelles) au début du dictionnaire, dans l'ordre , , , ⲉⲓ, , ⲟⲩ, , ⲉⲓⲁ, ⲟⲩⲁ, ⲉⲓⲁⲓⲱ, ⲉⲓⲉ, ⲟⲩⲉ, ⲟⲩⲏⲓ, ⲏⲓ, ⲁⲓⲁⲓ, ⲟⲩⲟⲉⲓ, ⲟⲩⲟⲉⲓⲉ, ⲉⲓⲱ, ⲟⲩⲱ, ⲱⲱ, ⲉⲓⲃ, ⲟⲃ, ⲁⲃⲉ, ⲉⲓⲃⲉ, ⲉⲓⲁⲃⲉ, ⲟⲃⲉ, ⲟⲩⲃⲉ, ⲟⲩⲁⲓⲃⲉ, ⲉⲃⲏ, ⲉⲃⲓⲱ, ⲉⲃⲁⲩ, ⲁⲃⲱ, ⲁⲃⲱⲕ, ⲉⲃⲗⲉⲩⲉ, ⲟⲃⲛ, ⲁⲃⲓⲛ, ⲉⲃⲓⲏⲛ, ⲉⲃⲣⲁ, ⲁⲃⲣⲉⲙ, ⲉⲃⲣⲓⲉⲓⲛ, ⲁⲃⲉⲣⲏϫ, ⲉⲃⲣⲏϭⲉ, ⲉⲃⲟⲟⲥ, ⲁⲃⲥⲱⲛ, ⲉⲓⲉⲃⲧ, ⲱⲃⲧ, ⲁⲃⲓⲧ, ⲉⲃⲟⲧ, ⲱⲃϣ, ⲟⲩⲃⲁϣ, ⲁⲃⲏϣ, ⲟⲃϩⲉ, ⲁⲃⲁϭⲏⲉⲓⲛ, ⲁⲉⲓⲕ, ⲟⲉⲓⲕ, ⲟⲩⲁⲕ, ⲱⲕ, ⲟⲕⲉ, ⲟⲩⲉⲓⲕⲉ, ⲁⲕⲏ, ⲟⲩⲟⲕⲓ, ⲁⲕⲱ, ⲉⲕⲓⲃⲉ, ⲁⲕⲗⲏ, ⲁⲕⲟⲩⲗⲁⲩϫⲉ, ⲱⲕⲙ, ⲁⲕⲛⲥ, ⲁⲕⲧ, ⲉⲕⲟⲧ, ⲉⲕⲧⲉ, ⲉⲓⲕⲧⲉ, ⲁⲗ, ⲱⲗ, ⲉⲓⲁⲗ, ⲟⲩⲉⲗ, ⲟⲗⲉⲓⲉ, ⲁⲗⲉ, ⲉⲗⲕⲱ, ⲏⲗⲗⲉ, etc., en continuant par les consonnes initiales, soit , , , , , , , etc. Ainsi, un seul et même principe serait appliqué régulièrement dans le classement des mots, et les recherches en seraient grandement facilitées(1).

Une autre critique a été émise: les mots d'origine étrangère (généralement grecque) faisant partie du vocabulaire copte au même titre que les mots d'origine égyptienne, il aurait élé souhaitable de les incorporer au dictionnaire. On pourrait en dire autant des mots d'origine arabe qu'on trouve, en assez grand nombre, dans les textes médicaux (surtout moyenâgeux): ils ont été presque entièrement laissés de côté jusqu'ici. Mais, du moment qu'il nous a paru difficile d'introduire dans le dictionnaire copte l'ordre alphabétique habituel, nous ne voyons pas non plus trés bien selon quel principe ces mots grecs ou arabes pourraient être placés parmi les mots coptes autochtones. Le mieux serait, à notre avis, d'introduire uniquement les termes d'origine égyptienne dans le corps du futur dictionnaire, tout en le faisant suivre de deux volumineux supplément, le premier contenant les mots qui sont entrés dans le copte par l'intermédiaire du grec(2), le second fournissant les termes issus de l'arabe(3).

Peut-être serait-il souhaitable aussi de modifier les sigles utilisés pour les divers dialectes coptes. Le sigle A2 employé pour le subakhmîmique est incommode, parce qu'il donne l'impression qu'il ne s'agit là que d'un sous-dialecte akhmîmique, ce qui n'est pas le cas; et quand Crum signalait un mot sahidique influencé par le subakhmîmique, il écrivait Sa (et non pas Sa2) exactement comme s'il s'était agi d'une influence akhmîmique. Il faudrait donc un autre sigle pour le subakhmîmique, et il ne serait pas indispensable que ce sigle corresponde à la première lettre du nom du dialecte, ce nom étant lui-même fonction d'une localisation géographique assez hypothétique. On pourrait en dire autant du nouveau dialecte identifié par P. Kahle, le «moyen-égyptien»: si le sigle M déplaît parce qu'il rappelle le «memphitique» de l'ancienne terminologie, et si le sigle O («oxyrhynchique») ne plaît guère mieux parce qu'il fait penser à l'«old coptic», pourquoi ne pas utiliser une autre lettre, E par exemple, ou K, en souvenir de Kahle? Le sigle O (vieux-copte) pourrait d'ailleurs être modifié lui aussi sans inconvénients, car il ne représente pas à proprement parler un dialecte, mais un ensemble de textes assez disparates, tous témoins des origines de la langue copte, et présentant les caractéristiques de plusieurs dialectes du copte classique. Mais toutes ces modifications ne sauraient être appliquées déjà dans notre liste complémentaire; pour l'instant, nous nous en tiendrons le plus souvent possible aux principes du «Dictionary», et nous nous contenterons d'introduire, ici ou là, les nouveaux sigles suivants, correspondant soit à des dialectes encore inconnus de Crum (ou de Kahle), soit à de nouvelles nuances, qu'il nous paraît utile d'indiquer dans un dictionnaire:

M, malgré les réserves que nous avons exprimées plus haut, servira provisoirement à désigner le «moyen-égyptien» tel que l'a défini P Kahle(1). P sera le sigle du dialecte nouveau que nous a fait connaître, dans un état de pureté relative, mais suffisante(2), le Papyrus Bodmer IV (Livre des Proverbes)(3), et dont on trouve peut-être aussi des traces dans certains écrits archaïques tels que l'Old Coptic Horoscope(1) ou le Papyrus Michigan 6131(2). Le sigle dialectal X, uniquement utilisé en «exposant», figure tout dialecte indéterminé, Sx indiquent ainsi une sorte de sahidique contenant des traces dialectales non-sahidiques, mais dont il serait difficile de dire si elles proviennent de l'akhmîmique, du subakhmîmique, du fayoumique, etc., ou encore d'un dialecte actuellement inconnu.

En outre, il nous paraît bon d'introduire quelques nuances dans l'usage des «exposants», tels Sa, indiquant l'existence de ce qu'on appelle habituellement des «dialectes mêlés». Nous pensons qu'il y a trois sortes de formes dialectales «mêlées», qu'on aurait tort de confondre, en les indiquant, uniformément, de la même manière. Par exemple, un mot apparemment «sahidique akhmîmisant» (Sa) pourrait être produit par des facteurs extrêmement divers: 1° Il pourrait provenir d'un point quelconque situé entre l'aire dialectale sahidique (S) et l'aire dialectale intermédiaire, et, dans ce cas-là, les formes akhmîmisantes du manuscrit où nous le trouvons devraient se présenter avec une certaine régularité; le sigle Sa devrait être utilisé pour ce cas-là seulement. 2° Ce mot pourrait être un compromis créé artificiellement par un scribe de dialecte akhmîmique, écrivant le sahidique, qu'il connaît mal; on devrait alors s'attendre à rencontrer le même mot écrit tantôt dans son orthographe sahidique correcte, tantôt dans une orthographe purement akhmîmique, et tantôt, encore, dans une orthographe mêlée, avec toutes sortes de variantes constituant, parfois, des hapax; ce cas-là est plus fréquent que le précédent, encore qu'il soit loin d'être aussi fréquent qu'on le dit; pour lui, nous proposons le sigle S:a. 3° Dans les manuscrits issus des premiers siècles du copte littéraire, on pourrait trouver, beaucoup plus souvent qu'on ne l'a admis jusqu'ici, des sahidico-akhmîmismes plus apparents que réels; à notre avis, leur origine devrait être cherchée dans le fait que les scribes du IV–Ve siècle écrivaient à une époque où, dans certaines régions tout au moins, les conventions orthographiques dialectales n'étaient pas encore fixées comme elles l'ont été dans le copte classique(1). Il paraîtra donc vraisemblable que des scribes de langue sahidique, écrivant en dialecte sahidique, aient produit par hasard, par ignorance des conventions orthographiques sahidiques, et sous l'influence, peut-être, de leur prononciation, des formes sahidico-akhmîmiques, sans qu'il y ait la moindre influence akhmîmique réelle dans ce processus. Ces formes-là auront quelques chances d'apparaître avec régularité si les copistes sont conséquents, mais encore n'est ce pas là une condition indispensable à la détermination de ce phénomène. Comme ces pseudo-akhmîmismes n'apparaissent que dans les manuscrits anciens(2), nous proposons d'ajouter au sigle dialectal, en bas, un petit . Pour le sahidique, le sigle sera donc S(3).

Il va sans dire que certains manuscrits pourront relever de deux de ces catégories: on aura ainsi Sa ou S:a. Théoriquement, il serait même concevable qu'un manuscrit ancien ait été écrit en dialecte mêlé par un copiste d'un autre dialecte; mais il serait difficile d'identifier et de caractériser un tel cas.

Enfin, dans les textes non littéraires, et jusqu'à l'époque la plus récente, on trouve des formes parfois extrêmement aberrantes, que nous avons cru devoir noter également dans notre liste, en les affectant du sigle vl (= langue vulgaire ou lapsus, fantaisie de scribe)(1).

Ces formes ne sont jamais absolument sans intérêt pour le linguiste, car elle sont des témoins possibles, sinon d'une orthographe ancienne, du moins de la prononciation locale du copte contemporain(2). Il arrivera que, dans un manuscrit ancien, mais d'orthographe très négligée, une forme paraisse être à la fois S et Svl. En principe, le sigle sera alors S, et S seulement (l'antiquité du manuscrit donne une présomption d'antiquité à l'orthographe suspecte), certaines exceptions tout à fait frappantes étant indiquées par S(vl). On trouvera encore, dans quelques cas, S. vl: ce sigle signifiera que la forme qui le précède est attestée aussi bien par la tradition manuscrite ancienne que par la tradition manuscrite récente en langue vulgaire et négligée. Une forme qui n'apparaît qu'une seule fois, et dont il est possible qu'elle soit un lapsus de copiste, sera signalée par (h) (= hapax); en outre, nous tiendrons compte de quelques formes intéressantes, corrigées ultérieurement par les copistes(1), en faisant précéder leur sigle normal (ou elles-mêmes) de l'astérisque *; quand deux formes apparaissent concurremment dans un manuscrit, si l'une d'entre elles n'est représentée que par le tiers des cas, ou moins encore, nous complétons son sigle par la mention (qq) (= quelques cas): on aura ainsi S(h), *S, S(qq), ou S(h), *S, S(qq), ou encore Sa(h), *Sa, Sa(qq), S:a, etc.

La liste d'additions et de corrections que nous publions ci-après devait comprendre, à l'origine, uniquement les termes nouveaux(2) contenus dans la grande masse de manuscrits coptes anciens de même origine (plus de mille pages), dont les quatre cinquièmes font partie, aujourd'hui, de la collection Bodmer, et dont le reste se trouve soit dans la collection Chester Beatty, soit à l'Université de Mississippi; on verra plus loin que, pour des raisons de commodité concernant aussi bien l'éditeur que le lecteur, nous avons passablement élargi les bases de cette liste. En ce qui concerne les papyri Bodmer, etc., nous avons tenu compte non seulement des textes déjà publiés, mais encore des inédits qui nous ont été accessibles. Cet ensemble de manuscrits, remarquables par leur volume, et par l'état, généralement excellent, dans lequel ils nous ont été conservés, contient surtout d'importantes sections de livres bibliques, et nous les signalons simplement par leur référence scripturaire. Ce sont, par ordre alphabétique: Act (Acta Pauli, non biblique, A2sx), Ba (Baruch, S), Ct (Cantique des Cantiques, S), Dt (Deutéronome, S), Ep (Epître de Jérémie, S), Es (Esaïe, S), Ex (Exode, S), Gn (Genèse, B et B:sx), Hym (Hymne, non biblique, S), Jn (Evangile de Jean, B et B:sx), Jo (Jonas, S), Jr (Jérémie, S), Js (Josué, S), Lm (Lamentations, S), Mc (II Macchabées, S), Mel (Homélie de Méliton, non biblique, S), Mt (Evangile de Matthieu, S), Pi (I Pierre, S), Pv (Proverbes, P), Ro (Romains, S), et To (Tobie, S). Nous n'avons pas traité tous ces textes de la même manière. Ainsi, dans le P. Bodmer VI (Pv), nous avons noté systématiquement toutes les formes, puisqu'elles appartiennent à un dialecte nouveau, que nous appelons P; cependant, certaines d'entre elles, alourdies de dittographies, ont été affectées du sigle (vl) ou (h) (cf. supra), indiquant que la forme est suspectée d'être incorrecte (les dittographies sont monnaie courante dans ce manuscrit). En ce qui concerne le P. Bodmer III, où nous avons pour la première fois un long texte bohaïrique littéraire du IVe siècle, mais dont les formes orthographiques ne correspondent pas toujours à celles du bohaïrique classique (et tardif), il ne nous a pas paru nécessaire de créer là un sigle spécial, indiquant l'existence d'un dialecte nouveau. En effet, une analyse détaillée de la langue de ce manuscrit nous a amené aux conclusions suivantes: la seconde main de cette copie, à qui nous devons la seule page ⲛ̅ⲅ̅, écrit un bohaïrique d'orthographe régulière et très proche du bohaïrique classique; c'est aussi l'orthographe du Papyrus Michigan 926, de même époque, et qui aurait été trouvé dans le Fayoum; les différences dialectales entre ces deux textes et le bohaïrique classique sont peu nombreuses, bien définies; elles ont parfois l'apparence de fayoumismes, de moyen-égyptianismes, ou de subakhmîmismes; ce bohaïrique-là pourrait donc être considéré soit comme un «sud-bohaïrique» soit comme un «bohaïrique archaïque»: nous nous contenterons de le signaler par le sigle B. Quant au bohaïrique écrit par la première main du P. Bodmer III (soit la quasi-totalité de cette copie), il se caractérise par une orthographe extrêmement fluctuante, où l'on retrouve tantôt des formes B pures(1), tantôt des formes contaminées; on peut le considérer comme un B influencé par un dialecte du sud, soit le sahidique (c'est l'explication vraisemblable dans la plupart des cas), soit l'akhmîmique ou le subakhmîmique, soit quelque autre dialecte inconnu(1); pour toutes les formes écrites par la première main du P. Bodmer III, et qui ne semblent pas pouvoir s'intégrer sans autres à B, nous utilisons donc le sigle B:sx.

En outre, nous avons noté dans notre liste diverses formes intéressantes rencontrées au hasard de nos lectures. Beaucoup d'entre elles nous sont données par l'ouvrage magistral de P. Kahle, Bala'izah, qui est, en lui-même, en quelque sorte, un complément indispensable au Dictionary de Crum. N'ayant pu vérifier la plupart des références données par Kahle, nous nous contentons de renvoyer le lecteur aux pages de son édition(2). De toutes façons, la plupart des formes nouvelles signalées par Kahle proviennent du copte vulgaire, et doivent être interprétées en fonction des règles morphologiques générales que l'auteur a voulu mettre en valeur.

Les textes manichéens, en subakhmîmique, nous ont également fourni une grande quantité de matériel intéressant. Bien qu'il ait connu ces textes avant qu'ils aient été édités, en 1934, 1938, et 1940, Crum n'a pas toujours pu en tirer toute la substance, et les formes subakhmîmiques d'origine manichéenne manquent particulièrement dans les premières parties du dictionnaire. Nous avons tenté de combler cette lacune dans la mesure de nos possibilités(3).

En ce qui concerne les papyri gnostiques déjà édités, nous les signalons par le numéro du codex auquel chaque écrit appartient, et son numéro d'ordre à l'intérieur du codex(4). Ainsi I, 2, est l'Evangile de Vérité, I, 3 l'Epître à Rheginos, II, 1 la première version de l'Apocryphe de Jean, II, 2 l'Evangile selon Thomas, II, 3 l'Evangile selon Philippe, II, 5 l'Ecrit sans titre, III, 1 la seconde version de l'Apocryphe de Jean, IV, 1 la troisième version de l'Apocryphe de Jean. Beaucoup de formes nouvelles apparaîtront sans doute encore à mesure que les autres textes de Nag' Hammâdi seront publiés, et nous espérons que la présente liste rendra déjà quelque service aux éditeurs. Quand nous citons un mot tiré de I, 2, I, 3, II, 1, II, 3, II, 5, III, 1, et IV, 1, cette simple indication suffit puisque ces éditions sont suivies d'indices; mais nous n'avons pas cet avantage dans l'Evangile selon Thomas (sigle II, 2): là, nos citations se réfèrent aux pages et aux lignes du manuscrit, telles qu'elles sont indiquées dans l'édition princeps.

Il nous a été possible de consulter, à Oxford, la copie que Crum avait pu obtenir du papyrus bilingue (grec et vieux-fayoumique), encore inédit, de Hambourg. Nous y avons relevé quelque formes que ni Crum ni Kahle n'avaient cru devoir signaler. Elles fournissent, avec les gloses du papyrus Chester Beatty d'Esaïe(1), l'essentiel de la matière classée sous le sigle F.

Enfin, nous citons toutes les autres publications coptes dans lesquelles nous avons trouvé quelque forme insolite, en usant des procédés suivants: s'il s'agit d'un article de revue, nous indiquons d'abord le sigle de la revue, puis le numéro du volume, enfin le numéro de la page(2) où se trouve soit le mot dans son contexte, soit l'explication ou l'analyse de ce mot (on trouvera les noms des auteurs d'articles dans la liste des sigles et abréviations); s'il s'agit d'un ouvrage indépendant, nous donnons d'abord son sigle, puis le numéro de la page où se trouve le mot cité(3). Dans la mesure du possible les sigles sont ceux-là mêmes dont Crum a fait usage, et dont on peut trouver la liste au début du Coptic Dictionary; pour les ouvrages ne figurant pas dans la bibliographie de Crum, nous avons dû créer quelques abréviations nouvelles. Le lecteur trouvera, à la fin du présent volume, une liste complète des sigles utilisés par nous.

En terminant cette Introduction, nous avons l'agréable devoir de remercier très chaleureusement tous ceux qui ont, de quelque manière, contribué à l'heureux achèvement de notre ouvrage. Monsieur M. Bodmer, en nous permettant de préparer, dans le silence de sa bibliothèque, l'édition d'un grand nombre de ses manuscrits, a contribué ainsi très positivement à la maturation de ce travail; M. W. Vycichl, et notre assistant, M. B. Urio, ont bien voulu nous apporter quelques matériaux et quelques informations qui nous avaient échappé; M. F. Daumas, directeur de l'Institut Français d'Archéologie Orientale au Caire, ainsi que le directeur de l'imprimerie de cet Institut M. B. Psiroukis, et ses dévoués collaborateurs en particulier MM. V. Rosso et R. Gori, ont mis toute leur compétence, leur zèle, et leur patience à notre service: qu'ils veuillent bien agréer ici l'expression de notre profonde gratitude.

  1. ^On voudrait, en particulier, voir écrire les mots coptes avec leur surligne (superlinear stroke, Silben- ou Vokalstrich), ou, pour le bohaïrique, avec le djinkim. En outre, il nous semble utile de classer régulièrement, et sous chaque rubrique, mêmes les variantes orthographiques les plus minimes, telles que ⲉⲓ ou , ⲏⲟⲩ ou ⲏⲩ, ϥ ou , ϯ ou ⲧⲓ, etc., ou les omissions et les adjonctions insolites de ϩ, les métathèses, et diverses particularités que Crum s'est contenté souvent d'indiquer de façon très générale, ou qu'il a groupées au début de chaque lettre de son dictionnaire. En effet, ces orthographes spéciales ou aberrantes sont souvent caractéristiques d'une époque. Nous avons noté, nous-même, toutes les anomalies que nous avons rencontrées; mais c'est l'ouvrage de Crum, dans son ensemble, qui mériterait d'être réexaminé à ce point de vue.
  2. ^Nous en avons fait l'expérience: voyez notre index au Papyrus Bodmer VI.
  3. ^Une autre méthode de classement serait également concevable; elle consisterait à ne tenir compte que des consonnes. On placerait ainsi, au début du dictionnaire, tous les mots formés uniquement de voyelles; ensuite, on tiendrait compte essentiellement de la première consonne. Ce système aurait l'avantage de rapprocher des formes dialectales telles que ⲉⲃⲣⲁ et ⲃⲣⲉ «semence» (sous , entre ⲃⲉⲛϫⲓ et ⲃⲁⲣ Crum 41 _b_), ⲉⲓⲙⲉ et ⲙⲙⲉ «savoir» (sous ), ⲉⲓⲣⲉ et ⲣⲁ «faire» (sous ), etc. Mais il aurait l'inconvénient, assez gênant, de ne plus tenir compte en premier lieu des voyelles initiales, et de séparer des mots tels que ⲉⲓⲙⲉ (sous ), ⲉⲓⲛⲉ (sous ), ⲉⲓⲣⲉ (sous ) et ⲉⲓⲱⲧ (sous ).
  4. ^Un grand nombre d'entre eux nous sont donnés dans l'ouvrage monumental de L. Th. Lefort, et R. Draguet, Concordance du Nouveau Testament sahidique, Louvian 1950 à 1960.
  5. ^Il n'existe, à notre connaissance, aucun ouvrage d'ensemble réunissant cette catégorie de termes «coptes»; nous avons recontré et noté un certain nombre de ces mots au cours de nos lectures, mais nous avons jugé préférable de ne pas les incorporer ô la présente liste; ils pourront faire l'objet d'un «supplément» ultérieur.
  6. ^Cf. Bala'izah, p. 220–227. Kahle ne cite qu'une dizaine de manuscrits M ou Mf (nous les appelons M1, M2, etc.), et certains d'entre eux ne sont que de tout petits fragments. Malheureusement, beaucoup de ces témoins sont encore inédits, nous n'avons pu les compiler tous. Le dialecte M est caractérisé par ses finales en (comme SAA2; exception ⲡ︤ⲛ︦ϯ︥ «Dieu»), l'usage de (et non pas comme F), (et non ϣ) devant ϫ (comme A2B, p. ex. ⲥⲉϫⲉ), l'usage de à la place de dans des syllabes fermées (p. ex. ⲡⲟⲧ, ⲣⲟⲙⲉ, ϣⲟⲡⲉ, ϩⲟⲃ, etc.
  7. ^ La pureté dialectale des manuscrits du IV–Ve siècle laisse souvent à désirer; cf. infra, p. XI–XII.
  8. ^ Cf. Intr., p. XVIII–XXIX; ce dialecte est caractérisé principalement par l'usage de lettres dites «vieux-copte», telles que (à valeur de ), et (à valeur de ou aleph), (à valeur de ϣ ou , cf. dans Hor.), et le compendium (à valeur de ⲕⲁⲓ, ϭⲉ, ou ϭⲓ). Le ϭ est totalement absent, comme dans les textes vieux-coptes et les documents en fayoumique archaïque F et F(Is); il est remplacé par , qui garde par ailleurs son usage normal dans les mots d'origine grecque; la vocalisation de P se situe généralement entre celle de S et de A (p. ex. ⲁⲃⲟⲗ).
  9. ^ Dans ce texte, le ϩ ressemble beaucoup au de P, et le ϣ ressemble au ϧ de B, ce qui pourrait expliquer certaines variantes orthographiques de ces manuscrits.
  10. ^A la 1e ligne du frag. c, on lirait volontiers ⲉⲹⲁϣⲓⲛⲓ …; il y a peut-être d'autres encore frag. c, 1, 2, 8, frag. i, 1, 9.
  11. ^Quand on voit combien il est difficile de situer géographiquement les dialectes coptes en Egypte, et quand on se voit contraint d'admettre, vu l'origine de nombreux manuscrits, que la plupart des dialectes semblent avoir changé de place au cours des siècles, ou qu'ils ont coexisté pendant de nombreuses années, dans les débuts du copte littéraire (ce qui semble plausible pour le sahidique, dialecte neutre et langue véhiculaire), on peut se demander si les diverses orthographes (ou systèmes d'écriture) qui distinguent, pour nous, ces dialectes, ne nous donnent pas, de la réalité, une image passablement déformée. Nous pensons, quant à nous, que des mots apparemment aussi différents que ϣⲟϫⲛⲉ S, ⲥⲟϫⲛⲓ Bsx, ⲥⲟϭⲛⲓ B, ⲥⲁⲭⲛⲓ F, ⲥⲁⲭⲛⲉ M, ou ϣⲡⲏⲣⲉ S, ⳋⲡⲏⲣⲉ P, ϣⲫⲏⲣⲓ B, devaient se prononcer de façon extrêmement similaire. L'orthographe peut créer des différences illusoires et cacher des divergences réelles. Un exemple moderne illustrera notre propos: le hollandais huis s'écrit de façon tout à fait semblable au français huis; d'autre part, il diffère passablement de l'allemand Haus et de l'anglais house; mais, en fait, dans la prononciation, huis (français) n'a guère d'analogie avec huis (hollandais), qui, au contraire, s'identifie presque à Haus et house. Ainsi, à cette époque où le copte cherchait ses voies, les différentes orthographes correspondaient à des systèmes d'écriture (liés peut-être à des écoles de copistes ou à des sectes religieuses, cherchant chacune à empiéter sur le domaine géographique de l'autre), plutôt qu'à des dialectes proprement dits: les zones d'influence d'écoles de scribes, liées à la présence physique d'élites peu nombreuses, peuvent se délacer beaucoup plus facilement que des dialectes entiers, parlés par de larges masses populaires, attachées à leur canton. Ceci à propos des origines du copte littéraire. Qu'ensuite certains dialectes aient adopté exclusivement tel ou tel système orthographique, au point de s'identifier avec le système lui-même, nous l'admettons volontiers. Il est possible aussi que les premiers scribes «coptes» aient été de langue maternelle grecque, et que, par conséquent, ils aient eu tendance à confondre et mélanger les différents dialectes coptes avec lesquels ils avaient pu se trouver en contact. De même, aujourd'hui, beaucoup de Suisses de langue française considèrent le «suisse-allemand» comme «une» langue, et quand ils le parlent, ils emploient côte à côte des mots bernois, zurichois, bâlois, etc., ce que ne feraient jamais d'authentiques Bernois, Zurichois, Bâlois, etc.
  12. ^Nous limitons l'époque «ancienne» à la fin du Ve siècle, comme l'a fait Kahle (Bala'izah p. 269–274).
  13. ^Parmi les nouvelles formes dialectales que nous avons relevées, il en est un bon nombre dont nous n'avons pu déterminer si elles étaient (en utilisant la terminologie de notre exemple, supra) du type Sa, S:a ou S: seule une nouvelle étude attentive de la totalité du manuscrit dont elles étaient tirées nous aurait permis de choisir entre ces trois possibilités; nous n'avons pas eu le temps de l'entreprendre, au moment où nous procédions au classement des nos fiches. Dans tous les cas douteux, nous nous en sommes tenu à l'appellation traditionnelle (du type Sa), ou, encore, si le manuscrit était ancien, nous avons donné la préférence à la possibilité d'un archaïsme (type S). Le lecteur voudra bien ne pas nous en tenir rigueur, en se rappelant que notre travail n'est pas le «nouveau dictionnaire copte», ni même une partie de ce (problématique) dictionnaire futur, mais une simple étape vers sa réalisation, un ensemble de matériaux utiles dans la mesure où leur publication n'est pas retardée indéfiniment par un souci, louable en soi, d'extrême perfection.
  14. ^Nous ne nous cachons pas qu'un certain nombre de formes classées par nous sous Svl auraient été considérées par Crum ou Kahle comme à peine sahidiques, ou portant franchement la marque d'une influence dialectale non sahidique. Toutefois, le sahidique ayant été la langue véhiculaire de toute l'Egypte copte à l'époque classique, une langue partout présente et en contact avec tous les dialectes locaux, nous croyons justifié de noter comme Svl tout ce qui, par son contexte, ne relève pas manifestement d'un autre dialecte que le sahidique. Dans de nombreux cas aussi, tirés de Bala'izah, n'ayant pu vérifier les sources utilisées par Kahle, nous avons dû lui faire confiance, et admettre que, selon son principe, lorsqu'il ne mentionnait pas expressément le dialecte d'un manuscrit, ce manuscrit devait être rattaché à l'aire sahidique. Mais nous avons quelques raisons de croire que Kahle a omis, ici ou là, de spécifier que tel manuscrit indéterminé (Svl pour nous) était en fait Sa, ou peut-être Savl, Fvl, etc. Le lecteur fera bien de tenir compte de cette faiblesse de notre information. De toute façon, les formes marquées vl sont, en elles-mêmes, passablement suspectes, et doivent être considérées avec une grande circonspection.
  15. ^C'est pourquoi nous les avons releées systématiquement dans notre liste. Mais ce procédé présente également un inconvénient assez grave. Désormais, un grand nombre de formes appartenant, en droit, à l'un ou l'autre des dialectes non sahidiques, apparaissent, en fait, comme étant également du domaine Svl. Et comme nous citons les dialectes, à la manière de Crum, dans l'ordre immuable S A A2 (M) F B (P) O, le premier dialecte mentionné, celui qui se trouve immédiatement après la forme copte et, de ce fait, attire l'attention, n'est pas celui auquel la forme appartient avant tout. C'est ainsi que nous aurons, pour ϩⲟ «visage», ϩⲁ S Svl Sf A A2 M F O; or il est évident que ϩⲁ appartient d'abord à A A2 M F. On pourrait donc soit imprimer A A2 M F en caractères gras (mais le texte acquerrait alors un aspect irrégulier, fatigant pour la vue), soit écrire A A2 M E (S Svl Sf O), ou quelque chose d'analogue.
  16. ^Sauf mention speciale, il est entendu qu'après la correction, le mot a reçu une orthographe dialectale conforme à celle du manuscrit dans lequel il se trouve.
  17. ^A l'exception des préfixes verbaux, suffixes pronominaux, pronoms absolus et démonstratifs, articles possessifs, noms de nombre, etc. (nous les publierons dans un liste ultérieure). Chaque terme est suivi d'une traduction française sommaire: nous mentionnons seulement un ou deux sens parmi les plus courants, pour permettre au lecteur de situer le mot. Dans les ouvrages que nous avons consultés, et même dans nos propres éditions, nous avons relevé ça et là quelques fautes, soit dans l'établissement des indices, soit dans la transcription du texte lui-même. Il n'est pas difficile d'améliorer un index; en revanche, il est beaucoup plus délicat de toucher au texte d'une édition princeps: nous ne l'avons jamais fait sans que la présence d'une photocopie du manuscrit ne nous en ait donné la possibilité. Ces corrections, nous n'avons pas jugé utile de les signaler, chaque fois, expressément.
  18. ^Soit des formes que l'on retrouve dans les passages B eux-mêmes, soit des formes tout à fait analogues à ces dernières.
  19. ^Il est remarquable que, lorsque cette main confond ϫ et ϭ, elle tend le plus souvent à éliminer ϭ au profit de ϫ; or l'absence de ϭ est une caractéristique de dialectes archaïques, cf. supra p. X–XI, note 3.
  20. ^P. ex. Bal. 58 (=Bala'izah, page 58). Quand nous rencontrons la même forme dans Bala'izah et ailleurs, nous indiquons toujours Bal(a'izah) en dernier, d'une part parce que la citation de Bal(a'izah) répète parfois l'une des précédentes, d'autre part parce que le lecteur trouvera dans Bala'izah le contexte général dans lequel il faut situer cette citation.
  21. ^La simple mention de Mani H et Mani P renvoie aux indices dont sont pourvues ces éditions. Autrement, et surtout pour Mani K qui n'a pas d'index, la référence est faite à la page, et souvent encore à la ligne du manuscrit, qui se trouvent être également celles de l'édition; nous nous contentons généralement de citer un ou deux cas typiques.
  22. ^Nous suivons la numérotation donnée par Krause dans son édition des trois versions de l'Apocryphe de Jean, p. 5–27.
  23. ^F. G. Kenyon, The Chester Beatty Biblical Papyri, fasc. VI, Isaiah, Jeremiah, Ecclesiasticus, London 1937; sigle F(Is).
  24. ^Malheureusement, pour quelques articles très courts, cette dernière indication manquait parfois dans nos fiches, et, n'ayant plus tous les ouvrages consultés à notre disposition, nous n'avons pu combler ces lacunes; nous le regrettons vivement.
  25. ^Dans beaucoup de cas, nous n'avons pas voulu faire de dérogation à ce principe, même quand les ouvrages cités étaient munis d'un index, pour deux raisons: d'abord, ces index négligent parfois des nuances orthographiques secondaires dont nous tenons compte (cela n'empêchera pas le lecteur de pouvoir les utiliser avec profit dans plupart des cas, les citations fournies par ces indices étant en général, indiquées beaucoup plus précisément que les nôtres); ensuite, pour ne pas dérouter les lecteur, il nous a paru bon d'utiliser le plus souvent le même procédé (nous n'avons dérogé à cette règle que pour les «papyri Bodmer, etc.», les textes gnostiques de Nag' Hammâdi (sauf un, cf. supra, les textes manichéens (sauf un, cf. supra p. XVI, note 3) et quelques rares autres publications).